Décembre 1996 : crise de Rire au CSA 22 décembre 2011
Posté par Le Transistor dans : Archives,Cartographie,CSA,Histoire,NRJ,Rire et Chansons , 15 commentairesEn diffusant illégalement le programme de Rire et Chansons sur une cinquantaine de fréquences en France, le groupe NRJ se lançait en décembre 1996 dans un bras de fer avec le CSA afin d’imposer la constitution de son troisième réseau. Voici un retour chronologique (et sonore) sur les tenants et aboutissants de cet épisode qui chamboulera définitivement le paysage radiophonique français.
1er février 1994 : la loi dite « Carignon » ouvre la possibilité d’augmenter le seuil de couverture à 150 millions d’auditeurs potentiels pour un même groupe. Dans la foulée, les principaux opérateurs nationaux investissent dans un troisième réseau :
- Le groupe Lagardère, déjà propriétaire d’Europe 1 et d’Europe 2 (et assurant la régie commerciale de Skyrock) prend des parts dans la station RFM ;
- La CLT, déjà propriétaire de RTL et Fun Radio, monte au capital de M40 pour la transformer en RTL1 ;
- La SOFIRAD, qui contrôle RMC et Nostalgie, acquiert le réseau Radio Montmartre.
Outre la marque NRJ, le groupe NRJ possède le réseau Chérie FM et cherche à développer son troisième bébé : Rire et Chansons, qui dispose uniquement d’une fréquence à Paris depuis fin 1989. Les tentatives de rachats d’autres stations nationales (RFM, Radio Montmartre) par le groupe n’ayant pas abouti, ses dirigeants se lancent dans une politique de prédation des fréquences des petits opérateurs locaux à travers le pays ; ils envoient des émissaires dans les stations indépendantes commerciales de catégorie B afin d’y faire des propositions financières importantes au nom de la société Radiofina notamment. Rachats, prises de participation, contrats de régie, tous les moyens sont bons pour s’assurer un contrôle d’un maximum de locales stratégiquement situées.
Problème : si le groupe NRJ met la main sur quelques stations en régions, leurs fréquences sont incessibles et la législation interdit aux stations de catégorie B contrôlées de reprendre un programme national identifié, et donc de passer en catégorie C (locales d’un réseau ou franchisées). Au nom du pluralisme et pour protéger les petits opérateurs de l’appétit des plus gros, le CSA veille à l’étanchéité des catégories de radio et a le pouvoir de retirer à un opérateur son autorisation d’émettre sans mise en demeure préalable, en cas de « modification substantielle des conditions d’exploitation » de la fréquence.
30 janvier 1995 : les groupes NRJ, RTL et RMC signent une lettre commune demandant au CSA « d’adapter sa doctrine » et d’amener davantage de souplesse entre les catégories de radios.
10 février 1995 : le groupe NRJ crée le bien nommé « GIE RIRE » (pour « Radios Indépendantes Régionales ») afin de commercialiser 13 radios locales en plus de la parisienne Rire et Chansons, avec le soutient de Marc Zénou, président du SNRP (Syndicat national des radios privées) et patron de Radio Star (Mulhouse) et Radio Service (PACA).
(Rire et Chansons, RVS, Sweet FM, Radio Star, Radio 2000, Ciel FM, Recto Verso, Oxygène, Presqu’Iles, Blackbox, Lazer, RMS, Radio Alligator, Radio Service)
Dans les mois qui suivent, les 13 stations introduisent progressivement dans leurs programmes des extraits de sketches et spectacles comiques ; tout d’abord un seul en début d’heure (précédé du top horaire de Rire et Chansons en version vierge), puis deux, puis trois par heure pour préparer à un changement de format.
Durant la saison 1995-1996, les locales du GIE abandonnent leurs habillages originaux pour les remplacer par différents jingles tels « la FM du rire » ou « la radio la plus drôle » enregistrés à Paris par un animateur d’NRJ (Mike). Exemple ici, avec la toulousaine Lazer :
Le programme ressemble lui comme deux gouttes d’eau à celui de Rire et Chansons à Paris : une suite de sketches et chroniques humoristiques aérés par quelques standards musicaux anciens (Jacques Dutronc, Frank Sinatra, The Rolling Stones, Johnny Hallyday, Serge Gainsbourg…).
Dans le même temps, une toute nouvelle banque de programme radiophonique non identifiée fait son apparition sur le satellite afin d’être reprise en complément par les locales : Canal B, une sorte de « Rire et Chansons bis » avec un habillage propre et une dénomination neutre (« la radio du rire »).
La couleur du programme est ensuite rapidement déclinée localement :
Retour à la chronologie, début mars 1995 : le CSA autorise la CLT à monter au capital de RTL2 (48,5%) et Europe 1 Communication dans RFM (47,2% des parts).
NRJ publie aussitôt un communiqué à l’adresse du CSA lui demandant de «repenser sa réglementation, au nom du pluralisme et du principe de l’égalité de traitement» entre les opérateurs.
Toujours en mars 1995 : le CSA auditionne les différents opérateurs radiophoniques privés sur la régulation du marché et les conditions de contrôle du troisième réseau. Ceux-ci demandent un assouplissement du régime des radios de catégorie B.
12 avril 1995 : dans le Communiqué 293 le CSA admet que dans certains cas exceptionnels (ancienneté de la radio, difficultés économiques) des passages de la catégorie B à la C peuvent être envisagés.
Octobre 1995 : Radio Star (67) et Ciel FM (69) sont autorisées à s’abonner au programme Rire et Chansons. Le CSA accepte le principe de changement de catégorie pour les locales, en passant toutefois par un appel à candidature : l’opérateur doit rendre sa fréquence et déposer un nouveau dossier d’attribution au CSA, au risque de perdre définitivement sa fréquence.
15 décembre 1995 : le Communiqué 319 officialise la position du CSA. Les radios locales souhaitant s’affilier à un programme national doivent d’abord rendre leur fréquence, avant que le CSA les autorise à passer en catégorie C. Le Conseil insiste également sur sa vigilance vis à vis de l’entrée des réseaux au capital des radios de catégorie B.
Mi-Juillet 1996 : le groupe NRJ affirme avoir signé un accord de franchise Rire et Chansons avec déjà cent radios locales.
24 octobre 1996 : le syndicat des radios généralistes privées (RTL, RMC et Europe 1) monte au créneau et demande une audience au CSA, afin d’affirmer son «opposition» à tout changement de doctrine «qui rendrait encore plus inéquitable qu’aujourd’hui la répartition des fréquences entre réseaux thématiques et radios généralistes».
Lundi 2 décembre 1996 : déplorant le traitement trop long des demandes de changement de catégorie de la part du CSA et le retard que prend ainsi la constitution de leur troisième réseau, les dirigeants du groupe NRJ décident d’imposer en force la diffusion de Rire et Chansons sur 15 stations contrôlées.
Mercredi 4 décembre 1996 : les 15 stations basculent sur le programme de Rire et Chansons à 21 heures.
Jeudi 5 décembre 1996 : à la place de leurs programmes habituels les auditeurs se réveillent avec la matinale de Rire et Chansons (« L’Argence tout rire ») entrecoupée de décrochages publicitaires et de bulletins d’informations locales. Les jingles réalisés à la va-vite déclinent sur tous les tons l’appartenance des stations à un réseau.
Ce même 5 décembre, les protestations du monde la radio (syndicat d’indépendants et grands groupes) affluent au CSA.
Lundi 9 décembre 1996 : le CSA envoie des mises en demeure aux quinze stations ayant basculé « Rire et Chansons » les sommant de revenir à leur programme initial ; ces mises en demeures restant sans résultat, une procédure de retrait d’autorisations est lancée dans les jours qui viennent.
Mercredi 11 décembre 1996 : le syndicat des radios généralistes privées s’insurge contre les paroles et les actes du groupe NRJ.
Jeudi 12 décembre 1996 : plutôt que d’obtempérer aux mises en garde du CSA, le groupe NRJ augmente le rapport de force en sa faveur en mobilisant sur l’antenne de Rire et Chansons animateurs et humoristes populaires. Ceux-ci, certainement très mal informés, dénoncent « la répression et la grave atteinte à la liberté d’expression» orchestrée par le CSA. On veut « tuer leur radio » et « bâillonner l’humour en France » !
Les auditeurs passent également sur l’antenne pour soutenir leur station. Très rapidement, ils sont invités à exprimer leur mécontentement aux standards du CSA et du Premier Ministre Alain Juppé.
Même la grande sœur NRJ encourage à chaque début d’heure l’opération de lobbying sur son antenne avec une rare mauvaise foi.
Ce même 12 décembre 1996 : réunis en séance plénière les sages du CSA sont plutôt favorables à l’autorisation pour les radios locales concernées de diffuser le programme national identifié, à l’exception de Philippe Labarde, président de la commission radio, ainsi que Monique Dagnaud et Geneviève Guicheney.
Vendredi 13 décembre 1996 : Matignon, dont le standard est assailli de coups de fil depuis la veille, renvoie la patate chaude au CSA dans un communiqué : « le Premier Ministre souhaite que le CSA assume dans le cadre de la loi toutes ses responsabilités et trouve dans les délais les plus rapides une solution qui permette un développement harmonieux de toutes les catégories de radio».
Lundi 15 décembre 1996 : Jacques Rigaud, Président de RTL, s’indigne de «la manière dont le CSA est amené en catimini, dans l’urgence et sous la pression, à modifier le paysage radiophonique».
Les dirigeants d’NRJ sont reçus au CSA. Le Conseil conditionne toute négociation au retour à la légalité des 15 stations en faute. Le soir même, elles reprennent leurs programmes locaux et abandonnent la dénomination « Rire et Chansons » pour redevenir des « radios du rire ». Les négociations vont pouvoir commencer.
Mardi 16 décembre 1996 : en désaccord avec le Président Hervé Bourges sur la gestion du dossier Rire et Chansons et la régulation du monde radiophonique, le conseiller Philippe Labarde démissionne de la présidence de la commission radio du CSA.
Mercredi 17 décembre 1996 : les quatre syndicats de radios commerciales françaises réunis au sein d’un bureau de liaison demandent une audition conjointe au CSA et menacent : «le Conseil doit être clairement conscient que s’il devait malgré tout démissionner de fait de son mandat de régulateur en cédant au coup de force de NRJ, toutes les autres radios en tireraient immédiatement les conséquences»
Jeudi 18 décembre 1996 : le patron de Fun Radio, Benoît Sillard, s’immisce dans la crise en appelant à son tour ses auditeurs à saturer le standard téléphonique de Matignon pour protester contre les méthodes d’NRJ.
Samedi 20 décembre 1996 : le gouvernement annonce la révision prochaine de la loi Carignon.
10 février 1997 : dans un communiqué, le CSA réaffirme le principe des 5 catégories de radios et l’obligation de restitution de fréquence en cas de changement de catégorie.
Mars 1997 : mi gendarme, mi conciliateur, le Conseil se lance dans une vaste remise à plat du paysage radiophonique et invite les grands groupes à restituer l’ensemble de leurs fréquences acquises et contrôlées officieusement afin qu’une redistribution équilibrée et validée légalement puisse se faire. C’est le « Yalta des fréquences » censé profiter à l’ensemble des acteurs de la filière : le CSA passe l’éponge sur les rachats sauvages et garantit un traitement équitable des demandes d’extension des réseaux en échange de leur transparence.
19 novembre 1997 : le CSA annonce la redistribution de 472 fréquences entre acteurs locaux, régionaux et nationaux.
A l’issue de cette répartition, le réseau Rire et Chansons et ses locales de catégorie C sont reconnus officiellement et juridiquement.
17 mars 1998 : dans le feuilleton de la privatisation d’RMC et de ses filiales, l’Etat autorise NRJ à prendre le contrôle de 80% du capital de Radio Nostalgie.
26 mai 1998 : les dernières locales ayant fait la demande de changement de catégorie pour diffuser le programme Rire et Chansons ayant toutes basculé en catégorie C à cette date, la banque de programme non identifiée « Canal B » (« la radio du rire »), diffusée sur les stations pour les pré-formater avant leur transformation, cesse d’émettre.
28 mai 1998 : l’achat de Nostalgie par NRJ reçoit l’agrément du CSA ; mais le groupe, en position dominante sur certaines zones géographiques, doit renoncer à la publicité locale sur l’un de ses quatre réseaux. C’est l’antenne la plus faible commercialement qui est sacrifiée : Rire et Chansons. Sans publicité locale, il devient inutile légalement de maintenir des programmes décrochés en régions. Les stations sont fermées et les commerciaux, animateurs et journalistes des anciennes radios de catégories B sont donc licenciés ou intégrés sur d’autres antennes du groupe dans les mois qui suivent. Les fréquences deviennent « passives », à l’exception de Paris.
Au final, NRJ a donc réussi à imposer le développement de son réseau et le « blanchiment » par le CSA de certaines fréquences obtenues de manière trouble. Son coup de force de décembre 1996 aura également déclenché une véritable redéfinition des contours du paysage radiophonique privé profitant à l’ensemble de ses concurrents.
L’autorité régulatrice, prise en sandwich entre sa volonté d’équilibrer le marché et les velléités de déréglementation des grands groupes et du législateur, aura surtout accompagné un mouvement accéléré de concentration du secteur.
Ironie du sort, l’instance qui protégeait en 1995 les petites stations de radio des assauts des prédateurs nationaux au nom notamment de la défense de l’emploi local s’est retrouvée trois ans plus tard à l’origine de la fermeture de ces mêmes antennes devenues filiales ou franchisées. Une décision qui grossira un peu plus le cimetière des radios locales disparues.
(Radio Artesia, CSM, RVS, Radio Nord Seine-et-Marne, Sweet FM, Liberté FM, Mélodie FM, Radio Star, Radio 2000, Recto Verso, Oxygène, Radiogram, Bleu Marine, Presqu’Iles, RSV, RLS, Ciel FM, WFM, Contact FM, RDI, Fréquence 7, Radio Service, Radio Palace, Radio Alligator, RMS, Lazer, Horizon Radio, Cant’FM, Fréquence Alci, Radio 9)
Sources :
- Robert Prot, Dictionnaire de la radio (PUG-INA 1997)
- Aymeric Mantoux et Benoist Simmat, NRJ L’empire de ondes (Mille et Une Nuits 2008)
- Libération
- CSA.fr
- Schoop.fr
- Radioactu.com
- Eldoradio.fr
- 100ansderadio.free.fr
France Bleu Toulouse : ce sera finalement pour le 23 février 16 février 2011
Posté par Le Transistor dans : Actualité,CSA,France Bleu,Radio France , ajouter un commentaireDeux mois auront finalement été nécessaires au CSA pour clarifier la situation de la fréquence toulousaine 90.5, fréquence préemptée par Radio France pour lancer sa quarante-troisième antenne locale dans la quatrième ville de France : France Bleu Toulouse.
Initialement prévue pour le 14 décembre dernier, l’ouverture de la station avait été annulée par les dirigeants de Radio France face à l’opposition des radios privées lorgnant également sur cette fréquence libre. Dans un souci d’apaisement, Jean-Luc Hees s’en remettait alors à l’accord du CSA sur la question, CSA qui lui-même demandait l’avis du Conseil d’Etat…
Le feuilleton du 90.5 toulousain s’est finalement terminé hier avec la bénédiction du CSA donnée à Radio France pour l’usage de la fréquence.
Dans la foulée, la nouvelle date d’ouverture de la station est tombée aujourd’hui : ce sera pour le mercredi 23 février, à 6 heures du matin.
Une naissance qui devrait bien se dérouler, tant les équipes de Bleu Toulouse sont rodées par des semaines d’entraînement « à blanc », depuis le mois de novembre.
Les auditeurs de Radio France retrouveront sur l’antenne quelques voix connues du Mouv’ période toulousaine (Franck Langlois, Pascal Wijsbroek, Isabelle Deroche), ainsi que Brigitte Palchine, animatrice nocturne de France Inter non reconduite par Philippe Val en juin 2010. A leurs côtés séviront des animateurs venant du réseau France Bleu : Alban Forlot à la matinale (ex Bleu Sud Lorraine), Sylvain Lecas (Bleu Cotentin) et Emmanuelle Wiener (Bleu Périgord).
18 janvier 1995 :naissance d’RTL1 18 janvier 2010
Posté par Le Transistor dans : Archives,CSA,Fun Radio,Histoire,RTL,RTL2 , 2 commentairesIl y a 15 ans, le 18 janvier 1995, la CLT (Compagnie Luxembourgeoise de Télédiffusion – propriétaire d’RTL) décidait de transformer la station jeune M40 en une RTL1 plus adulte et plus généraliste.
Né le 6 janvier 1992 de la fusion de Maxximum et Métropolys à l’initiative du géant des médias espagnols Prisa (48,05% du capital) et de la CLT (35,75%), le réseau M40 stagne en 1994 autour des 2 points d’audience malgré ses trois années d’existence, ses formats successifs (100% nouveautés et large place à l’animation, puis tubes des années 90 avec peu d’interventions), et ses 80 fréquences :
Sur ce revers, le groupe PRISA décide fin 1994 de se retirer du marché radiophonique français et donc du capital de M40 en mettant en vente ses parts et en retirant son équipe dirigeante. La CLT souhaite alors prendre le contrôle total du réseau et le transformer, mais le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel refuse l’opération le 6 janvier 1995 (à une forte majorité), au motif de la défense du pluralisme ; le groupe luxembourgeois étant déjà en France l’opérateur à 100% des réseaux RTL et Fun Radio. Suite à ce camouflet, Jacques Rigaud, PDG de RTL, ne désarme pas et annonce le 7 janvier dans Libération que « dans le respect des engagements pris en ce qui concerne le format de la radio, M40 poursuivra l’évolution du programme afin d’enrichir une offre radiophonique que l’exigence du pluralisme, invoquée par le CSA, ne saurait figer« . Ainsi le 18 janvier au matin, les auditeurs d’M40 se réveillent avec une toute nouvelle station « music and news », une nouvelle programmation musicale davantage orientée vers les 25-45 ans, de nouveaux animateurs, et de nouvelles chroniques plus adultes. Le programme est identifié « RTL1″.
Furieux de ce coup de force de la CLT, le CSA met alors en demeure la station de reprendre le programme à destination des jeunes pour lequel elle avait été autorisée, sous peine de sanctions. Assez rapidement, les avertissements de l’autorité vont alors créer sur l’antenne une situation ubuesque : le programme RTL1 va continuer ses émissions sans que les animateurs et jingles identifient le nom de la station, à l’image d’une banque de programme anonyme aux virgules vierges :
Seule l’obligation légale d’identifier le programme quatre fois par heure va être astucieusement respectée en diffusant deux fois par heure la formule « M40-M40″, coincée entre les publicités nationales et les décrochages régionaux (à H+27 et H+57) :
RTL1-M40 va donc continuer sa route ainsi quelques semaines, avant qu’un accord soit finalement trouvé avec le CSA le 7 mars : la CLT peut monter à 48,5% du capital du réseau et devenir actionnaire majoritaire, et le programme est autorisé à retrouver une réelle nouvelle identité sous le nom de… RTL2 (le groupe Lagardère et Europe1 goûtant peu l’appellation RTL1).
La maison RTL a donc gagné sa bataille et contrôle désormais deux réseaux musicaux complémentaires à vendre aux annonceurs : Fun Radio pour les 15-25 ans et RTL2 pour les 25-45 ans.
Au final, au delà de l’anecdote qui fait de RTL1 le réseau radiophonique français à la durée de vie la plus courte, on retient surtout qu’une fois encore dans l’histoire de la bande FM française, un grand groupe radiophonique réussit donc à s’asseoir sur les principes du CSA (à l’image des épisodes Skyrock ou NRJ), et à imposer sa propre loi au terme d’un rapport de force à base de calculs rusés, et, n’en doutons pas, d’un lobbying intense dans les coulisses du pouvoir.
Il y a 15 ans : suspension du programme Skyrock 9 janvier 2010
Posté par Le Transistor dans : Anniversaires,Archives,CSA,Histoire,Skyrock , ajouter un commentaire Suite à une délibération du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, la radio Skyrock est condamnée à suspendre ses programmes le 9 janvier 1995 pour une durée de 24 heures. Cette sanction, inédite dans l’histoire de la FM française, est le résultat du dérapage en direct sur l’antenne le 3 janvier d’un des animateurs de la matinale « Les Montres » au sujet de la mort d’un policier à Nice. Dans un contexte de surenchère des radios jeunes en matière de provocation dans le cadre des libres-antennes, le CSA entendait frapper fort en condamnant Skyrock à l’interdiction de diffusion ; d’autant que le réseau avait déjà reçu deux mises en demeures fin 1992 à la suite de la diffusion de l’émission « Turlututu » dans laquelle Supernana et Laurent Petitguillaume recueillaient les confessions crues des auditeurs à une heure de grande écoute (17-19 heures).
Après réflexion, Pierre Bellanger, le Président de Skyrock, décide d’appliquer la sanction en la détournant cependant légèrement… La diffusion du programme régulier de la station est effectivement suspendue à minuit, mais pour laisser place à une « radio libre aux auditeurs contre la violence et pour la liberté d’expression », où durant 24 heures les témoignages de soutien se succédent les uns après les autres sans aucune intervention d’animateurs.
En jouant sur les mots, l’équipe de Skyrock s’attirera à nouveau les foudres du CSA qui portera plainte au pénal pour non respect de la sanction et diffusion d’un programme non autorisé. A l’issue de la procédure, la station écopera d’une amende.
En définitive, comme le souligna justement à l’époque le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes(SIRTI) : « ce n’est pas la première fois qu’une radio nationale s’arrange d’une sanction pour en faire une grande opération de promotion au nom de la liberté d’expression » (cf. NRJ en 1984).
Archives :
les pages « médias » du quotidien Libération la veille et le lendemain de la journée de sanction.