Quand l’information en boîte est délivrée par des journalistes fictifs 5 mars 2014
Posté par Le Transistor dans : Actualité,Amusant,Jazz Radio,MFM , 3 commentairesA l’écoute des deux réseaux nationaux édités par l’entreprise lyonnaise Espace Group, Jazz Radio et MFM Radio, une petite manipulation attire l’oreille de l’auditeur attentif.
Economies obligent, le groupe diffuse l’après-midi sur ses deux stations le même flash d’information enregistré à l’avance par le même prestataire extérieur. D’une antenne à l’autre, seuls le chapeau et la brève de fin varient : un « bonjour » personnalisé adressé à l’animateur de la tranche est astucieusement collé en ouverture du même enregistrement selon la station concernée, et une conclusion censée correspondre plus précisément au format de chaque radio (people/chanson ou bien soul/jazz) est de plus rajoutée en queue de bulletin.
Rien de bien surprenant jusque là. L’information est devenue une matière comme une autre, et les stations musicales nous ont habitué depuis bien longtemps à la traiter comme n’importe quel autre contenu parlé en boîte (chronique, horoscope, météo, etc.) : le fait de fournir le service à l’auditeur et de l’afficher dans une grille compte davantage que la crédibilité du service en question.
Là où Espace Group pêche cependant davantage que ses confrères, c’est dans le manque de respect de l’auditeur. Car si les flashes de ses deux antennes nationales sont bien enregistrés par la même personne et lus par la même voix, on tente pourtant mystérieusement de nous faire croire que ce sont deux journalistes différents qui délivrent l’information.
Ainsi l’après-midi, si c’est le journaliste Laurent Natale qui présente les flashes de MFM Radio, la même voix porte le nom de Nicolas Leconte au même moment sur Jazz Radio !
L’auditeur de cette station écoute donc des informations données par une sorte de journaliste fictif, un pseudonyme sans carte de presse.
Voici par exemple le flash diffusé sur les deux antennes au même moment, le vendredi 28 février à 18 heures : premièrement sur MFM Radio, l’animateur Bertrand Fissot annonce les informations de Laurent Natale, puis dans le second extrait Claude Zennaro lance sur Jazz Radio le même fichier préenregistré en présentant un certain Nicolas Leconte.
Dans cette histoire, au final, ça n’est pas le fait qu’Espace Group réalise des économies sur l’information qui pose réellement problème, mais c’est plutôt la tentative de maquillage malhabile d’une évidence qui interroge.
Pourquoi ne pas assumer totalement la démarche low-cost (« un même présentateur enregistre tous les flashes de nos antennes ») ? Et pourquoi préférer à la place prendre l’auditeur pour un idiot en mentant sur l’identité d’un journaliste (« on a deux journalistes différents pour chaque antenne car vous voyez bien qu’ils n’ont pas le même nom ») ?
Moralité : en n’assumant qu’à moitié son procédé industriel, Espace Group attire en fait l’attention sur ce même procédé. Et une petite manipulation sans énorme importance se transforme au final en véritable tromperie vis à vis de l’auditeur.
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